Blog du SAVS Vendomois (41)

Le dernier samedi de septembre a lieu la Journée mondiale des sourds, qui a pour objectif de sensibiliser la population à la reconnaissance de la culture sourde et la langue des signes. En 2016, elle tombe le 24. Si les personnes sourdes considèrent qu'elles n'ont pas de handicap, elles revendiquent avant tout leur appartenance à une culture très spécifique, qui partage des valeurs communes et ont une toute autre façon de voir les choses.

Distinguer les différentes surdités

Parmi elles, il faut distinguer les sourds de naissance des malentendants (ou « devenus sourds ») qui ne communiquent pas de la même manière : les premiers utilisent la langue des signes (LSF), reconnue comme « langue à part entière » depuis la Loi du 11 février 2005, tandis que les seconds « oralisent » en utilisant, entre autres, la lecture labiale ou le Langage parlé complété (LPC). L'accès à la lecture est donc plus ou moins facile selon le type de surdité de chacun et différents ouvrages adaptés à leurs besoins sont proposés par les éditeurs. Voici quelques morceaux choisis par Virginie Brivady qui gère le site Livre acces (en lien ci-dessous), spécialiste de la littérature adaptée à toutes formes de handicap. Un nouveau rendez-vous littéraire sur handicap.fr qui sera décliné, selon les handicaps, au fil des journées mondiales dédiées.

Titre : L'histoire à premières vues
Les éditions Conte sur tes doigts proposent une collection de livres multimédia pour enfants reposant sur une pédagogie innovante entièrement visuelle (dessin animé, illustration, mime, langue des signes...) pour l'entrée dans les savoirs de base. Elle a pour objectif d'éveiller et de donner le goût d'apprendre et est accessible à tous y compris les enfants en difficulté d'apprentissage.
Résumé : De l'homme préhistorique au premier homme sur la lune, des personnages pleins d'humour font découvrir la vie de 12 grandes périodes historiques : vêtements, constructions, coutumes, alimentation, inventions...
Auteur : Simon Houriez
Illustrateur : Guillaume Duverneuil et Julie Houriez
Age : à partir de 5 ans
DVD 12 épisodes de 3 min env.
Prix : 22 €

Titre : Pourquoi le lièvre
Les éditions Signes ont élaboré un livre-DVD, « Pourquoi le lièvre », tissage de contes d'origines différentes… Il mêle voix, mime et langue des signes pour un spectacle malicieux, cruel et bilingue. Le film a été tourné par Rémy Masséglia en décor naturel et est interprété par deux comédiennes, Mathilde Chabbey et Elisa Nesta.
Illustrateur : Mickaël Guyader
Age : à partir de 7 ans
Nombre de pages : 48
Prix : 25 €

Titre : Bébé signe / 64 premiers signes en LSF
Pour vous familiariser avec la Langue des signes, Monica Companys édite plusieurs ouvrages de référence dans le monde des sourds ainsi que des CD et DVD sur la pédagogie et sur l'apprentissage de la LSF.
Auteur : Monica Companys
Age : à partir de 2 ans
Nombre de pages : 32
Prix : 18,25 €

Titre : Et après ?
Les enfants ayant du mal à communiquer apprécieront également les imagiers sans texte des éditions Voce Verso qui présentent de très beaux albums permettant à l'enfant de développer son imaginaire tout en l'incitant à s'exprimer.
Résumé : Dans un monde souterrain qui se dévoile au fil des pages, des galeries se creusent, des animaux se croisent. Des histoires rythmées par la floraison d'un coquelicot, témoin du temps qui passe.
Auteur et illustrateur : Mathilde Magnan
Age : à partir de 4 ans
Nombre de pages : 48
Prix : 16 € TTC l'unité

Titre : Et Patati… Et Patata
De nombreux éditeurs se lancent également dans des collections qui abordent la notion de la surdité par le biais d'album de sensibilisation. L'association Grandir d'un monde à l'autre en fait partie et a publié « Et Patati… Et Patata ».
Résumé : Tom adore parler. Il papote, il bavarde et il gesticule beaucoup. Ses copains de l'école le trouvent gentil mais parfois ils en ont assez de l'entendre et le mettent de côté. Un jour, une nouvelle élève, sourde, arrive. Elle plaît beaucoup à Tom.
Auteur : Christos
Illustrateur : Brunella Baldi
Age : à partir de 4 ans
Nombre de pages : 40
Prix : 13 €

Citons également les éditions Boréalia, Rêve d'enfant, Goater et IVT, disponibles sur livres-acces.fr, dans la rubrique « Librairie/Sourds et malentendants », qui font aussi de très beaux albums de sensibilisation ou en LSF pour nous faire découvrir le monde des sourds ou initier chacun d'entre nous à la langue des signes.

Alexandre, scolarisé dans un collège de quartier, est handicapé moteur. Dans les roues d'Alex est le récit de ses joies, de ses envies, de ses peines, de ses amitiés naissantes et de ses difficultés relationnelles avec les professeurs ou les autres élèves. Surtout, il est le reflet du parcours de 7 élèves de Villepatour, en Seine-et-Marne, scolarisés au collège-lycée professionnel de l'IEM (Institut d'éducation motrice) de la Croix rouge, qui accueille des jeunes de 10 à 25 ans en situation de handicap moteur. Publié chezGrrr…Art Éditions, l'ouvrage porte un regard lucide et percutant sur les situations quotidiennes vécues en milieu scolaire.

Problématiques adolescentes

Tomber amoureux, dialoguer avec ses parents, accepter le regard des autres, supporter les professeurs… Autant de problématiques adolescentes et d'autres anecdotes liées au handicap sont abordées par les auteurs, âgés de 15 à 17 ans. « Rien n'est fictif, assure Claire Rothiot, de la Croix rouge. Ces anecdotes sont leur vécu. Le projet est d'ailleurs né de leur envie d'écrire. » Bel exemple d'accomplissement, Dans les roues d'Alex montre que la créativité se trouve partout, peu importe son âge, situation de handicap ou non.

Une aventure littéraire et humaine

L'idée du livre germe au sein d'un atelier d'écriture transversal animé par Didier Antoine, professeur de français. Un espace pour développer l'autonomie et les compétences des jeunes mais aussi pour leur permettre de surmonter leurs appréhensions, de gagner en confiance et de valoriser leur image parfois écornée par les difficultés d'apprentissage liées au handicap. Accompagnés pour la rédaction, les élèves voient leur projet se concrétiser au fil de leurs récits. Ils recherchent un éditeur, établissent un budget, lancent l'appel aux illustrateurs… « Ils ont pu observer le domaine de l'édition sous tous ses angles, souligne Mme Rothiot. Quand Georges, l'éditeur, a reçu le texte, il a été très sensible à l'histoire et a décidé de la publier avant même de connaître l'âge des auteurs ». Olivia Agostini, illustratrice professionnelle, s'est chargée des images du livre.

Récits audacieux et engagés

Présenté à l'occasion d'une rencontre-dédicace en présence des jeunes auteurs fin mai 2016, Dans les roues d'Alex est aujourd'hui disponible sur commande, auprès de la Croix rouge et sur Internet (liens ci-dessous). Le projet n'est pas sans rappeler La Bande à Ed, de Georges Grard, à la tête des Éditions Grrr...Art.  Dans le même esprit, cette bande-dessinée raconte, en 4 tomes, la vie d'Ed, garçon handicapé moteur vivant dans une cité, entouré de ses potes, des « bras cassés » qui cumulent les handicaps. En publiant Dans les roues d'Alex,  Grrr…Art ajoute une pierre de qualité à son édifice éditorial et répond fidèlement au credo de son fondateur : « Diffuser des récits audacieux et engagés, en privilégiant l'humour, avec de l'âme et du vécu ».

© Grrr…Art Éditions

Infos sur le livre
Dans les roues d'Alex - Collectif d'élèves handicapés sous la direction de Didier Antoine. Illustrations : Olivia Agostini. Grrr…Art Éditions, roman jeunesse, 64 pages, 2016, 12€.

Atypique, cette série ? Montrer le quotidien d'un garçon autiste qui cherche à s'émanciper n'est, en tout cas, pas des plus fréquents. C'est le pari lancé par la série Atypical, que vient de commander la plateforme de streaming Netflix. La première saison comportera huit épisodes. Créée par Robia Rashid, elle suivra le quotidien d'une famille dont l'un des enfants est atteint de troubles autistiques.

Côté casting, on retrouvera Jennifer Jason Leigh (vue dans le film Les Huit salopards, de Quentin Tarantino), qui interprètera une mère de famille envahissante. Le garçon autiste sera joué par le comédien britannique Keir Gilchrist tandis que l'acteur Michael Rapaport, connu grâce à Prison Break, campera le père de famille. La thérapeute du jeune homme sera incarnée par Amy Okuda (How to get away with murder).

Si la série innove en parlant autisme, elle n'est pas la seule à aborder le handicap à l'écran. On pense notamment à la série Speechless, dont l'un des personnages principaux est atteint d'infirmité motrice cérébrale (lire article en lien ci-dessous).

Début du tournage d'Atypical prévu fin 2016. Les premiers épisodes devraient être diffusés sur Netflix courant 2017.

Trop peu de places. C'est le constat de l'étude ES Handicap, réalisée entre 2010 et 2014 et publiée dans Études et résultats en septembre 2016, reprise par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, rattachée au ministère des Affaires sociales et de la santé). Les observateurs remarquent une (trop ?) lente évolution de l'offre d'accueil des personnes en situation de handicap dans les services et structures médico-sociales telles que les ESAT, les instituts médico-éducatifs et les foyers d'hébergement.

Une offre insuffisante

Les thématiques abordées concernent surtout l'activité des structures, le profil du personnel en fonction, les dates d'entrées et de sortie des personnes dans ces structures ainsi que la nature de leur déficience et de leur hébergement, avant et après l'accueil. Fin 2014, 489 200 places étaient proposées dans 11 250 services et établissements médico-sociaux accompagnant des personnes en situation de handicap. Le principal chiffre pointé du doigt concerne le rapport déséquilibré entre l'offre et la demande. La DREES constate par exemple que « le nombre de places offertes par rapport à 2010 a augmenté à peine plus vite que la population totale (+5,6 %) ».

Plus d'accueil de jour pour les enfants

La DREES explique que l'offre continue de se développer plus rapidement dans les services que dans les établissements. Pour les adultes, on observe une augmentation de 10,2 % dans les services, contre 5,4 % dans les établissements. Pour les enfants, on compte 15,2 % de places en plus dans les services, contre seulement 0,4 % dans les établissements. Autre chiffre notable : l'accueil de jour se développe davantage pour les enfants.  L'enquête explique que 65 900 places (soit 61% des capacités) sont ouvertes en accueil de jour et 36 400 (soit 34%) en internat dans les établissements pour enfants (tableau A, sur le site Internet de la DREES). Pour les adultes, en revanche, l'hébergement à temps plein est nettement plus répandu. Les établissements médico-sociaux pour enfants seraient également davantage spécialisés par déficience.

Priorité au handicap psychique

L'étude précise par ailleurs que le taux d'encadrement des personnes varie selon la nature de la structure : « La majorité du personnel exerce des fonctions éducatives, pédagogiques et sociales, analyse la DREES. 17 % occupent des fonctions paramédicales, 14 % d'encadrement et 15 % sont employés dans les services généraux. Le personnel, en majorité à contrat à durée indéterminée, est composé à 73 % de femmes et âgé en moyenne de 44 ans. » D'autre part, il est spécifié que la majorité des places agréées sont destinées aux personnes (enfants et adultes) présentant une déficience intellectuelle ou psychique ; en 2014, 344 500 places leur sont réservées.
Si des moyens sont mis en œuvre, chaque année, pour rééquilibrer la balance entre offre et demande, de nombreuses places doivent encore être ouvertes afin de répondre plus largement aux besoins de prise en charge des personnes en situation de handicap.

© DREES