04/01/2020

Le 1er syndicat des pros du cinéma handicapés est créé

Un réalisateur crée le premier syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH). Leitmotiv : personne ne doit être empêché d'accéder au 7ème art et à l'audiovisuel. Son ambition : une diversité effective dans ce secteur !

6 juin 2019 • Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr

« Personne ne doit être empêché de faire du cinéma ! », clame le réalisateur en situation de handicap Julien Richard-Thomson. Pourtant, c'est un fait, les personnes en situation de handicap peinent à trouver leur place dans le 7e art, aussi bien devant que derrière la caméra. Même constat pour la télévision où elles représentent seulement 0,7 % des personnes visibles à l'écran selon le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel). Une Charte pour l'insertion des personnes handicapées dans l'audiovisuel a pourtant été signée en 2014 à l'initiative du CSA mobilisant les chaînes de télé (article en lien ci-dessous). Sans qu'elle ne produise pleinement ses effets ? Face à ce manque de diversité, Julien Richard-Thomson a décidé de créer le Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH). Objectif : leur ouvrir les portes de ce secteur élitiste.

Cinéma conservateur

« Dans les métiers du cinéma et de l'audiovisuel, les professionnels en situation de handicap sont rares et ont des difficultés accrues et spécifiques pour trouver du travail ou pour l'exercer, qu'ils soient comédiens, scénaristes, metteurs en scène…», estime Julien Richard-Thomson. Alors que les personnes handicapées auraient trois fois moins de chance d'obtenir un emploi, « c'est hélas la même chose sinon bien pire dans ce milieu », ajoute-t-il. Principal motif, selon lui : un cinéma français « assez conservateur ». « Tous ceux qui ont tenté l'aventure le confirment : il est si difficile d'obtenir un rendez-vous avec un producteur, de faire lire son scénario, quand on est perçu comme 'différent' », déplore le réalisateur qui affirme avoir dû « se battre toute sa vie pour être pris au sérieux par la profession ». Autre cas de figure inquiétant, selon lui : « De nombreux professionnels atteints de handicaps invisibles, parfois lourds, choisissent de taire leur situation afin de ne pas être écartés du marché de l'emploi ». Ils ne bénéficient donc pas des soutiens auxquels ils ont droit, à commencer par la RQTH (Reconnaisse de la qualité de travailleur handicapé) qui leur permettrait notamment un aménagement de poste ou du temps de travail.

Cacher le handicap

Selon le scénariste, la mise au ban de cette minorité peu visible, typiquement française, relève, en partie, d'une question culturelle. Il déplore que le handicap soit « caché », car il « fait peur », même si, selon lui, « une prise de conscience semble s'opérer, notamment de la part des pouvoirs publics ». Il s'étonne que « les œuvres audiovisuelles, à quelques exceptions notables et récentes, évoquent rarement les personnes en situation de handicap » Et lorsqu'elles sont sollicitées, c'est souvent en raison de leur handicap et non de leurs compétences. Face à ce constat, « il nous parait essentiel de leur donner leurs chances, mieux, de faire naître des vocations et de les encourager à embrasser des carrières artistiques car elles ont, elles aussi, un point de vue sur le monde, et pas seulement en tournant des films 'sur le handicap' », poursuit Julien Richard-Thomson. C'est animé par cette ambition qu'il a créé le SPCH, revendiquant des études de cinéma accessibles, tant sur le plan physique qu'intellectuel, et de bonnes conditions de travail par la suite.

Subventions spécifiques en cas de handicap

Le syndicat vise également à soutenir les projets de films ou téléfilms portés par ce public, notamment en encourageant le CNC (Centre national du cinéma) à déployer un fonds spécifique. La « diversité » étant au cœur des politiques du CNC ! « Il promeut, par exemple, les projets des cinéastes issus de la banlieue et s'engage à soutenir ceux mettant en avant la parité homme/femme, concède le réalisateur. Le handicap ne peut pas être le grand oublié. » Pour changer la donne, il propose un quota : « Pourquoi pas 1 % des subventions réservées à des projets portés par des cinéastes en situation de handicap ? ». « Si la culture est le reflet de la société, elle peut constituer un levier majeur d'avant-garde pour faire évoluer le regard et les pratiques », conclut-il.

"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"

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