À partir d’aujourd’hui et jusqu’au 19 juillet se tient à l’Onu, à New York, le Forum politique de haut niveau. Son thème cette année : l’éradication de la pauvreté. Cet objectif de développement durable (ODD) y sera croisé avec d’autres, tous fixés à l’Agenda 2030. 272 organisations ont élaboré une contribution internationale et parmi elles, une seule française : l’Association des Paralysés de France. Pour la première fois, il sera question de la précarité des personnes en situation de handicap. L’APF portera leur voix et défendra leurs droits à ne plus vivre sous le seuil de pauvreté. Explications de Farbod Khansari, Conseiller national Politiques européennes et internationales à l’APF.
« Selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont en situation de handicap et 80 % d’entre elles vivent dans la pauvreté.» ©Jérôme Deya
Faire Face : Quand on parle de développement durable et de personnes en situation de handicap, de quoi parle-t-on exactement ?
Farbod Khansari : Le développement durable ne se limite pas aux questions environnementales. Il concerne aussi deux autres domaines : l’économie et la société. Parmi les 17 objectifs de développement durable (ODD) devant être atteints d’ici 2030 et sur lesquels les États, dont la France, se sont engagés, plusieurs concernent les personnes en situation de handicap. Exemples : l’éradication de la pauvreté bien sûr mais aussi l’accès à la santé, à une éducation de qualité ou encore à un emploi décent.
Cet Agenda 2030 est une feuille de route partagée par de nombreux États dans le monde pour construire une société durable, solidaire et inclusive. Il faut quand même savoir que selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont en situation de handicap et que 80 % d’entre elles vivent dans la pauvreté !
FF : En quoi un tel événement peut-il faire avancer les politiques publiques en France dans la lutte contre la précarité ?
F.K : La France est membre de l’Onu et a des engagements au niveau international. Les ODD, mais aussi la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, représentent des leviers pour dire au gouvernement de mettre ses politiques en conformité avec ses engagements et le pousser à aller plus loin. D’ailleurs, en 2019, la France fera l’objet d’un examen par la Commission des droits de l’Onu sur l’application de cette Convention.
FF : C’est la première fois que l’APF va prendre la parole à l’Onu. Quels sont les enjeux pour l’association ?
F.K : L’augmentation des ressources et la lutte contre la pauvreté des personnes en situation de handicap constituent un combat historique de l’APF. Elle le porte aussi bien au niveau local, régional que national et désormais international. À l’Onu, nous allons présenter notre contribution et nos propositions en matière de lutte contre la pauvreté. Comme la création d’un revenu minimum d’existence pour celles et ceux ne pouvant pas travailler en raison de leur handicap ou de leur maladie.
Nous espérons que ce Forum sera une opportunité pour les États d’affirmer leur volonté de mettre en place des réponses durables pour lutter contre la pauvreté des personnes en situation de handicap. Propos recueillis par Valérie Di Chiappari