20/10/2018

Lorient. Accessibilité : carton rouge aux commerces du centre-ville

Une délégation APF France Handicap a mené une opération baptisée « Accéder7exister », ce mercredi, à Lorient. Le but : arpenter les rues du centre-ville pour vérifier l’accessibilité des commerces. Si certains ont aménagé et adapté leurs locaux, la plupart contreviennent à la loi. Et s’exposent à des sanctions financières.

« Stop. Ici, je suis bloqué ! » La silhouette rouge apposée devant la vitrine de la boutique Yves-Rocher du centre-ville de Lorient est sans appel. La marche située sur le seuil du magasin en interdit l’accès à toute personne en fauteuil. Aucune de celles formant la délégation départementale APF France Handicap ne fait d’ailleurs la périlleuse tentative. L’association de défense des personnes en situation de handicap menait, ce mercredi, une opération coup de poing. Baptisée « Accéder7exister », elle a consisté à vérifier l’accessibilité des commerces lorientais, au hasard d’un parcours dans les rues commerçantes.

« Au 1er janvier 2015, les agendas d’accessibilité programmée ouvraient un délai de trois ans aux établissements de 5catégorie pour se rendre accessibles. Depuis le 26 septembre, ce délai échu, la boulangerie de quartier ou le cabinet médical le plus proche doit avoir achevé ses travaux d’aménagement. Sans dérogation, tout établissement de 5catégorie doit être accessible », fixe Cécile Cottebrune-Desbats, directrice territoriale Bretagne Sud-Est au sein d’APF France Handicap. Mais l’obligation, dans les faits, est loin d’être respectée. « Cette situation est inadmissible, tempête Éliane Caradec, membre de la délégation présente à Lorient. De dérogation en dérogation, c’est toujours à nous, personnes handicapées, que l’on demande de patienter ».

« L’accessibilité pour tous »

L’action conduite par la douzaine d’adhérents APF, dans les rues de Lorient, a aussi une vertu pédagogique. Face à l’exemple concret des difficultés d’accès à certains commerces, le dialogue s’engage. Interpellée au sujet de la hauteur de seuil de son commerce, la responsable de la boutique Vanity propose d’installer une rampe d’accès en bois. Après installation, il s’avère que la largeur de sa rampe n’est pas adaptée aux fauteuils motorisés.

 Après une rapide concertation, la délégation appose une silhouette orange devant le commerce : « Attention ! Ici, je fais comment ? »

« Le défaut d’accessibilité constitue une forme de discrimination, assène Cécile Cottebrune-Desbats. Et l’accessibilité doit être envisagée de façon universelle. Un commerce accessible le sera pour tous : non seulement aux 10 % de la population française en situation de handicap, mais aussi aux parents avec leur poussette, aux voyageurs et leurs valises et aux personnes âgées. Nous ne défendons pas l’accessibilité au sens de la norme, mais bien au sens de l’usage ».

 Actions en justice

Et c’est d’usage dont il est question à Lorient, ce mercredi. Pour les personnes en fauteuil, trois marches semblent interdire tout accès à l’agence de la Société générale, rue de l’Assemblée nationale. À la tête de la délégation, Paul Le Fur interroge une responsable qui s’empresse de lui indiquer l’accès adapté, par la rue de Liège. La signalétique d’accès devrait prochainement être installée. L’occasion pour Aline Le Dû, malvoyante, de rappeler que l’accessibilité ne se limite pas aux fauteuils. « La déficience visuelle implique, par exemple, d’installer des bandes podotactiles et des signalétiques en relief ».

« Cette journée de mobilisation est l’occasion d’un état des lieux que nous transmettrons aux services municipaux. Elle pourra aussi donner lieu à des actions en justice », expose Mathieu Cailleau, chargé de mission au sein d’APF France Handicap. De nombreux adhérents soutiennent ces recours judiciaires à l’encontre d’établissements « qui ne jouent pas le jeu ». Ces derniers s’exposent à des sanctions financières, jusqu’à 45 000 € pour le propriétaire du commerce. En cas de récidive, la fermeture de l’établissement peut même être prononcée.

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