20/05/2017
Macron président : 1ères pistes sur sa politique handicap
Résumé : Au nom d'En Marche!, Marie-Anne Montchamp dévoile l'état d'esprit et les intentions du président élu sur sa politique handicap. Hausse de l'AAH, recrutement d'AVS... Elle affirme que ces objectifs sont "atteignables".
Par Marie-Anne Montchamp, membre d’En Marche !, le
Handicap.fr : À quel titre prenez-vous la parole au nom d'En Marche ! que vous avez rejoint en mars 2017 ?
Marie-Anne Montchamp : Je suis membre de l'équipe En Marche !, j'ai fait avec passion la campagne présidentielle en apportant ce que je sais faire et je continuerai avec la même passion !
H.fr : Transfuge issue des Républicains, qu'est-ce qui vous séduit dans la politique d'En Marche ! ?
MAM : La personnalité d'Emmanuel Macron avec ses valeurs d'ouverture et de bienveillance, cette volonté de construire un progressisme contemporain et de faire tomber les cloisons gauche-droite. J'ai été étonnée de voir que le candidat issu de la primaire de droite traite la question du handicap de manière aussi froide et technique. Un programme droitier fondé sur un choc budgétaire, avec pour priorité un hypothétique retour à la croissance ce qui reléguait à un autre temps la volonté de se consacrer aux citoyens qui en ont le plus besoin. Le handicap, c'est le combat de ma vie. Mon engagement politique se fondait donc sur les réponses que les candidats pouvaient apporter dans ce domaine…
H.fr : Un sondage publié en mars par l'APF révélait que les personnes handicapées interrogées prévoyaient de voter majoritairement pour Jean-Luc Mélenchon, avec l'espoir d'un changement radical. Que répondez-vous à ces électeurs ?
MAM : Avant tout, nous les écoutons. Je peux comprendre que les annonces de La France insoumise aient pu retenir l'attention de certaines personnes handicapées. Jean-Luc Mélenchon a exprimé de manière claire qu'il fallait renverser la table et briser cette chape de plomb intolérable. Pour autant, la philosophie d'Emmanuel Macron, parce que plus sereine et nuancée, moins spectaculaire dans l'expression, permet de se fixer des objectifs atteignables. La qualité du dialogue social se nourrit précisément de cette sérénité.
H.fr : Qu'est-ce que ce mandat va changer concrètement pour les personnes handicapées ? Emmanuel Macron a déclaré vouloir faire du handicap « l'une des priorités de son quinquennat »…
MAM : Le président de la République élu souhaite une réorientation totale, sur plusieurs axes. Tout d'abord, il veut apporter les réponses que les personnes handicapées attendent sur la question des ressources avec un souci de précision et de personnalisation. Faire aussi qu'au bout de ce quinquennat personne ne se retrouve « sans solution », selon l'expression qu'Emmanuel Macron a reprise lors de sa carte blanche sur le handicap à l'occasion du dernier débat télévisé (article en lien ci-dessous). Cet esprit doit être incarné au plus haut niveau de l'État, il n'a cessé de le répéter ; nos concitoyens en situation de handicap ont trop souffert du désarmement de cette politique. Le président de la République va impulser une transformation sociétale sur cette question. Sa politique est pensée et murie pour tous ; c'est une question civilisationnelle. Le contrat avec la Nation, qui est le socle du programme présidentiel, restera très présent lors de la campagne des législatives.
H.fr : Justement, Emmanuel Macron dit vouloir accueillir des personnes de la société civile lors des législatives. Quelle place pour celles en situation de handicap, comme l'a fait récemment Anne Hidalgo en investissant le handi-basketteur Ryadh Sallem sur la liste PS à Paris ?
MAM : Le mécanisme de la commission d'investiture est simple : chacun peut s'inscrire et déposer sa candidature. C'est une modalité contemporaine de recrutement des talents et pas un casting où l'on aurait toutes les formes de diversité soigneusement checkées. Parmi ces talents, il y a évidemment des personnes en situation de handicap.
H.fr : Plus que d'ordinaire ?
MAM : C'est difficile à dire tant que la liste n'est pas validée. Mais il y en aura, c'est certain.
H.fr : On pense à Matthieu Annereau, ex LR, élu aveugle, qui, lui aussi, a franchi le Rubicon…
MAM : Encore une fois c'est la commission d'investiture qui doit statuer mais un profil comme le sien est parfaitement dans l'esprit de notre mouvement. Matthieu a toute vocation à faire des choses importantes.
H.fr : Le candidat Macron a promis d'augmenter l'AAH de 100 euros, soit un peu plus de 900 euros par mois à taux plein. Comment et à quelle échéance le Président compte-t-il le faire ?
MAM : Tout d'abord l'engagement sera tenu. Mais, évidemment, le calendrier sera précisé par le Gouvernement.
H.fr : Marie-Sophie Desaulle, membre d'En Marche ! et auteure du rapport Zéro sans solution, a même déclaré : « On fera plus si c'est possible ! ».
MAM : En effet, nous avons tous en ligne de mire le seuil de pauvreté (ndlr : en France, environ 1 000 euros par mois). Mais, évidemment, là encore, les décisions relèvent des prérogatives strictes du président et de son exécutif !
H.fr : Emmanuel Macron a également promis de recruter des AVS (auxiliaires de vie scolaire) en nombre. Dès la rentrée 2017 ?
MAM : Je l'ai entendu dire : « On n'attendra pas ! ».
H.fr : Le président promet un gouvernement resserré d'une quinzaine de ministres. Quelle place pour le secrétariat aux personnes handicapées ? À quel ministère compte-t-il le rattacher ?
MAM : Il a déclaré vouloir le rattacher au Premier ministre en raison de l'importance qu'il accorde à cette politique, comme l'a montré le choix de sa « Carte blanche » lors du débat d'entre-deux-tours.
H.fr : Quel avenir pour la Conférence nationale du handicap qui réunit tous les acteurs du handicap ?
MAM : Nous ne sommes pas allés dans le détail sur cette question mais Emmanuel Macron entend vivifier nos institutions. Il n'y a donc aucune raison que cette volonté de rendre plus tonique l'ensemble des instances ne soit remise en cause. L'esprit En Marche !, c'est la concertation, l'écoute de tout ce qui vient de la société civile. Les associations de personnes handicapées sont de véritables acteurs du dialogue social. Elles attendent une régénération très forte de leur rôle.
H.fr : Convoitez-vous un poste dans le prochain gouvernement ?
MAM : « Convoiter », quel mot ! Je vous parle d'un changement institutionnel incroyable et je mesure à quel point des acteurs éminents de la vie politique sont en perte de repères. Il y a presque une forme d'indécence à aller sur ce type de conjecture. Il y a mille manières de servir son pays…
H.fr : Etes-vous candidate à l'élection législative ?
MAM : Non, pas du tout ! C'est l'illustration de ce que je viens de vous dire.
11:09 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)
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