19/11/2015

Philippe Croizon : «Mon nouveau défi, le Dakar»

Après la traversée de la Manche à la nage, puis le défi des cinq continents, Philippe Croizon, amputé des quatre membres, se lance dans une nouvelle aventure, le Dakar 2017.
 
 
 
Philippe Croizon fera le Dakar 2017 avec Yves Tartarin. (Jean-Daniel Ouvrard) (D.R)

Philippe Croizon fera le Dakar 2017 avec Yves Tartarin.

(Jean-Daniel Ouvrard) (D.R)

Comment est née l'idée de participer au Dakar?
Cela fait très longtemps que je suis l'épreuve à la télévision. Je suis passionné de sport automobile. Je ne loupais pas un seul Grand Prix de F1 à Magny-Cours. Ça m'a toujours beaucoup attiré. Et je me suis dit qu'avec la technologie d'aujourd'hui, c'était jouable. Pourquoi se fixer des limites? Je me suis donc lancé dans l'aventure d'être pilote au Dakar 2017.

Concrètement, comment ça va se passer?
On a monté une équipe avec Yves Tartarin. Ce sera son 20e Dakar, il a l'expérience nécessaire pour me guider. Je vais piloter un buggy avec un moteur Nissan V6 de 340ch, sans toucher le volant ni les pédales. Je vais conduire avec un joystick hydraulique qui dirigera l'accélération, le freinage et la direction sur le bras droit. Et concernant la boîte de vitesses, comme il n'en existe pas d'automatique, on a trouvé une astuce en mettant une cloche entre le moteur et la boîte. J'aurai donc un sélecteur sur mon bras gauche: je pousserai pour monter les vitesses, je tirerai pour les descendre, ça remplacera l'embrayage. J'aurai un copilote avec moi dans le buggy, et derrière il y aura une seconde voiture, un 4x4 à moteur V8, avec Yves Tartarin et un copilote. Pour ma sécurité j'aurai toujours quelqu'un derrière moi.
 
«Je vais bien me préparer, comme avant chaque aventure. Je n'y vais pas la fleur au fusil»
 
Comment allez-vous vous préparer d'ici janvier 2017?
A chaque fois que je me lance dans une aventure comme ça, je me dis "j'y vais" et après je me fais peur, et je réfléchis à comment faire. Mais c'est trop tard, l'aventure est lancée. Et bizarrement ça fonctionne toujours, donc je continue comme ça. Le véhicule va partir à Paris en janvier pour être préparé chez K-Automobilité. Je le recevrai début mars et nous irons faire des premiers essais sur un circuit dans la Vienne. Ensuite toutes les vacances de Pâques se dérouleront au Maroc. Nous irons aussi sur un circuit piste dans le Nord de la France. Et on veut terminer sur le Rallye du Maroc avant de partir pour le Dakar.

Comment l'organisation du Dakar a accueilli votre projet?
Le premier réflexe, normal et humain, a été de me répondre: "Non, ce n'est pas possible. Tu ne peux pas faire le Dakar." Mes autres défis, déjà, 99% des gens me disaient c'est pas possible. Mais il y a 1% qui y croit et ce 1%, il vous emmène à la victoire. Après que Etienne Lavigne m'ait dit non, on s'est rencontrés à déjeuner à Paris. Je lui ai parlé pendant 40 minutes, je lui ai tout expliqué, et à la fin il m'a juste dit: "T'as besoin de quoi?" En tête de liste il y avait une lettre de soutien. Et il l'a écrite. Il a bien compris que j'étais quelqu'un de déterminé.

Vous êtes-vous fixé un objectif?
Mon objectif ce n'est pas de faire des chronos. Le rêve c'est de partir, et d'arriver au bout. On sait que c'est un sport mécanique et on n'est pas à l'abri d'une casse. Mais tout a été prévu pour aller au bout. J'ai envie de retrouver la sensation d'être avec une équipe et de me dépasser. Se dire tous ensemble qu'on a vécu un truc de dingue. Pour moi c'est ça le Dakar ! Je sais que ça va être dur physiquement. Je vais bien me préparer, comme avant chaque aventure. Je n'y vais pas la fleur au fusil.»

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